Comment se porte le documentaire en Suisse? Magnifiquement bien et tout particulièrement en Suisse romande, s’enthousiasme Frédéric Gonseth, président du Fonds Regio, qui soutient la production audiovisuelle indépendante. Le cinéaste n’a pas peur des comparaisons: nous avons un «mini- Hollywood» du cinéma documentaire en Romandie. Des films sont reconnus internationalement. Il faut aussi compter sur une nouvelle génération de documentaristes. La richesse de la sélection helvétique au festival confirme ses propos.
Fernand Melgar, cofondateur de Climage, maison de production lausannoise qui fête ses 20 ans d’existence, renchérit: nous vivons une situation privilégiée. Ce n’est pas difficile si l’on a vraiment quelque chose dans le ventre. Pourquoi? Premièrement, il y a une excellente collaboration avec la TSR. C’est assez unique en Suisse et même en Europe, analyse le réalisateur. Il y a aussi une série de systèmes d’aides qui permettent de faire du documentaire. Comme l’Office fédéral de la culture, le Fonds Regio, la Fondation vaudoise pour le cinéma. Mais le documentaire n’est pas un enfant gâté, tempère-t-il. Il se développe dans une économie de moyens.
Le cinéma suisse a mauvaise réputation auprès du public romand
Son dernier film, Exit, présenté à Nyon en compétition internationale, n’a coûté que 250 000 francs. Il n’a pas rencontré de difficultés pour son financement. Tout comme François Bovy, qui a pourtant réalisé un premier film destiné aux salles, Melodias, présenté à Nyon. Le projet a plu et il n’était pas cher: 180 000 francs. Avec ce budget, tu ne fais pas un film en Suisse, ironise le réalisateur, qui a choisi le cadre de la Colombie. Ces exemples risqueraient de fausser l’image de la profession. Car l’aide au cinéma audiovisuel n’est pas automatique, comme peuvent l’être les subventions pour certaines catégories professionnelles. Nous ne sommes pas des artistes assistés. Si nos projets ne plaisent pas, on est «out»!, s’emporte Frédéric Gonseth, également secrétaire général de la Fondation vaudoise pour le cinéma.
Si l’on assiste à une renaissance du documentaire en Romandie, le public reste à convaincre. Les films suisses ont à la fois une énorme chance et un grand handicap, aux yeux de Frédéric Gonseth. Depuis une dizaine d’années, il y a un public pour le documentaire dans les salles de cinéma. Mais cela concerne surtout la Suisse alémanique et particulièrement la région zurichoise. En effet, sur l’ensemble des billets vendus en Romandie, 1% concernent des films suisses, alors que ce taux atteint 5,4% outre-Sarine. Pour rattraper ce retard, un fonds supplémentaire vient d’être créé. Regiodistrib allouera 600 000 francs pour améliorer la promotion des films suisses en Romandie. Autre objectif: doubler l’aide au cinéma romand en l’espace de trois ans, pour jouer à armes égales avec la Suisse alémanique.
Sophie Roselli
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