1975 C’est l’année qui voit le débat prendre toute son ampleur. La rétrospective annuelle L’année CH 1975 écrit: « Aucun débat de la vie nationale ne suscite assurément une controverse aussi passionnée et des positions aussi inconciliables. Partisans et adversaires s’opposent dans une violente polémique et des débats houleux. »
En mars, le Conseil national rejette l’initiative « pour la décriminalisation » jugée trop libérale (à l’unanimité moins 2 voix, celles des socialistes Jean Ziegler et Arthur Villard. Aucune des 8 femmes élues en 1971 suite à l’introduction du droit de vote pour les femmes ne soutient l’initiative!).
En juin, une nouvelle initiative « pour une solution du délai », plus restrictive, est lancée par L’USPDA.
En octobre, un débat au Conseil national est perturbé par les militantes du MLF.
En France, la loi « Weil » (du nom de la ministre de la santé Simone Weil) qui dépénalise l’interruption volontaire de grossesse est adoptée.
1976 L’initiative « pour la solution du délai » aboutit. La première initiative « pour la décriminalisation » est retirée.
1977 25 septembre, votation sur l’initiative « pour la solution du délai ». Elle est refusée à 52% seulement (mais 17 cantons la rejettent. Elle n’aurait pas obtenu la double majorité).
Le Conseil fédéral propose alors une solution intermédiaire dite « des indications sociales ». Partisans du libre choix – qui la jugent trop restrictive – et adversaires – qui refusent toute libéralisation – s’y opposent tous deux par référendum. 90’000 signatures sont récoltées, un record pour l’époque.
1978 28 mai, votation sur la loi « des indications sociales ». Elle est refusée à 69%.
1979 Au Parlement, une nouvelle voie pour une solution fédéraliste est explorée. Elle laisserait les cantons décider de leur législation en la matière. Sept années de débats qui n’aboutiront à rien.
Les adversaires de la libéralisation lancent l’initiative « pour le droit à la vie ». Même si le texte de l’initiative ne le dit pas explicitement, son but est d’interdire l’avortement.
Fondation de l’Association suisse pour le droit à l’avortement et à la contraception (ASDAC) par des militantes féministes qui jugent l’USPDA trop timorée.
1980 Dépôt de l’initiative « pour le droit à la vie » avec 230’000 signatures! (La loi en exige 50’000.)
1981 Le Parlement vote une loi obligeant les cantons à mettre sur pied des Centres de consultation de grossesse « dans le but d’informer et de permettre aux couples de prendre librement leur décision ».
Un autre fait, imprévu, vient favoriser l’accès à la contraception: l’apparition du Sida au milieu des années 80 fait de l’utilisation du préservatif une nécessité sanitaire: il s’affiche dans la rue avec la campagne « Stop SIDA ».
En 20 ans, le nombre d’interruptions légales a été réduit de 25%, celui des avortements clandestins a été divisé par 10.
1985 9 juin, votation de l’initiative « pour le droit à la vie ». Elle est rejetée à 69%.
Dès lors, la question de l’avortement va disparaître de l’agenda du Parlement pendant près de dix ans. La majorité politique se satisfait du statu quo.
Le débat autour de la libéralisation est relancé au début des années 90 avec l’arrivée de la pilule abortive RU486 qui permet de pratiquer un avortement – sous contrôle médical – sans intervention chirurgicale.